La musique d'une vie d'Andreï Makine
Points – 130 pages
* intrigue partiellement révélée dans les passages en Italique
Encore un roman pêché dans la bibliothèque de ma soeur.
Ce court roman qui pourrait presque prétendre au titre de nouvelle nous raconte l'histoire d'Alexeï, un jeune pianiste russe. Il vit à Moscou avec ses parents, ceux-ci travaillant aussi dans l'univers musical. Hors peu de temps avant le début de la seconde guerre mondiale et l'avancée d'Hitler vers la Russie, les parents d'Alexeï sont arrêtés, celui-ci échappe de justesse aux membres du parti. S'en suivra un long exil qui l'amènera en Ukraine puis en plein coeur de la guerre.
J'ai vraiment été touché par ce roman, court, sobre, il nous entraine à la suite des souvenirs d'Alexeï, aujourd'hui vieil homme aux mains usées qui rencontre le narrateur dans une gare enneigée de Sibérie.
Le roman commence par les réflexions du narrateur inconnu, une pensée lui vient à la vue de ces gens qui attendent avec tant de patience ce train qui mettra des jours à venir.
Il trouve le terme « homo sovieticus » pour qualifier toute cette nation « prête à souffrir, à se sacrifier avec une acceptation toute naturelle de la faim, de la mort ou de la vie dans la boue de cette gare, dans le froid des plaines qui s'étendent derrière les rails. »
Et l'histoire d'Alexeï, c'est l'histoire de cette nation, la petite histoire dans la grande histoire avec toujours cette force presque surhumaine qui empêche cet homme de plier devant les épreuves pourtant terribles qui lui sont donnés d'affronter.
Le récit est rempli de tension dramatique, la vie du pianiste ne tient qu'à un fil, les descriptions de la guerre et quelques notes de musique. Musique qui provoquera sa perte* mais c'est une des scènes que j'ai préféré dans le roman, c'est aussi la suite logique des évènements depuis la fuite de Moscou, la guerre et le changement d'identité*.
Un très, très beau roman, dépaysant et qui m'a beaucoup touché.