Ailleurs de Julia Leigh
Points - 104 pages
Traduit par Jean Guiloineau
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Olivia rentre chez elle, par la porte du jardin, à demie camouflée sous les ronces.
Elle rentre le bras dans le plâtre, suivie de deux enfants, ses enfants. Un petit garçon âgé de 9 ans et une petite fille de 6 ans qui ne se sépare jamais de sa poupée. Pour les accueillir, il y a Ida, la gouvernante et puis la mère d'Olivia, une vieille dame âgée.
Aucune d'entre elles ne commentent cette arrivée inopinée comme si Olivia était partie il y a peu de temps de la maison familiale.
Puis Marcus, le frère d'Olivia, arrive avec sa femme Sophie. Celle-ci porte encore le bracelet de la maternité et dans ses bras repose Alice, leur fille mort-née.
Olivia et Marcus se retrouvent sans émotion apparente et pourtant à lui seul elle dit, "Il m'a assassiné.".
Dans la grande propriété familiale, quelque part en France, se déroule les drames d'une famille. Tout en murmures, dans cette grande maison isolée, se joue la vie, sa tristesse, et ses deuils.
Dans ce roman, rien n'est dit, rien ne se dit.
L'ambiance est là, pesante.
Les personnages semblent glisser à travers leur vie, comme ils évoluent à travers les pièces de la grande maison.
Cette apparente légèreté n'empêche pas la souffrance d'apparaitre, aigue, tenace.
La vie a été et est difficile pour Olivia dont le dos est recouvert de bleus, pour Sophie qui ne peut pas se séparer de son enfant tant rêvée, de Marcus qui est débousselé et des enfants propulsés dans un monde inconnu.
Le roman véhicule une sorte d'esthétisme glacé, à travers les décors, les personnages mais au moment où l'on croit atteindre le détachement le plus complet, surgit une étincelle de vie qui pousse les personnages vers l'avant, leur redonnant un visage plus humain. Et c'est dans ce balancement que le roman trouve sa force et touche le lecteur.
Une étonnante découverte, un roman surprenant, à lire.
Les billets de Sylvie, Katell, Cathe, Lilly, Lily, Bellsahi, Clara, Yv...