Le coeur cousu de Carole Martinez
Folio - 440 pages
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Soledad nous raconte l’histoire de sa mère Frasquita qui est aussi son histoire à elle. La fuite et l’errance de cette femme encore belle, qui part sur les routes, obstinément, aveuglément, suivie par sa ribambelle d’enfants. Soledad, la petite dernière attend sagement dans les entrailles de sa mère.
L’histoire commence dans un petit village, au fin fond de l’Espagne, le soleil brulant, anéantie tous les villageois, cloitrés derrières leurs persiennes et leurs traditions. Frasquita est différente, grâce à sa petite boite de couture et ses magnifiques fils de couleurs, elle brode de magnifiques robes de mariées avec trois chiffons et elle répare aussi les êtres humains.
Conte coloré, Carole Martinez nous transporte dans cette Espagne, écrasante, aride, les hommes y sont « taiseux », les croyances bien ancrés. Les coqs sortant de leurs basses-cours deviennent d’ardents combattants à cause de la folie des hommes.
La folie, parlons-en, les hommes ici deviennent ou sont déjà plus ou moins fous, peut-être est-ce ce soleil ou ces champs avec leurs oliviers en ordre, bien rangés comme de fiers soldats.
Dans cette histoire, un ogre mangeur d’enfants, un révolutionnaire, une ribambelle d’enfants se croisent… un amour maternel qui se cache "Alors, dans un baiser, elle le saigna". Beaucoup de malheur, de tristesse mais quelle poésie…
L’écriture de Carole Martinez est lumineuse, elle sait trouver les mots justes pour permettre au lecteur de rejoindre cette caravane d’enfants qui erre sans but réel toujours tout droit, par delà la mer.
J’ai aimé et je recommande, Le cœur cousu me rappelle Le soleil des Scorta de Laurent Gaudé.
Un nombre très, très important d'avis, si vous l'avez lu, dîtes le moi.