Le marcheur du Pôle de Jean-Louis Etienne
Robert Laffont – 251 pages
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Le 11 Mai 1986, le Docteur Jean-Louis Etienne est le premier homme à atteindre le pôle Nord en solitaire avec des skis et un traîneau qu'il devait tirer, contenant 50kg d'équipements. Son périple avait commencé début Mars, il parcourut 1200 km. Le livre reprend le journal qu'il a tenu tout le long de son expédition.
Un journal auquel il confie ses peurs, la difficulté qu'il y a à avancer, à aller contre le froid qui gèle et ralentit toutes capacités de réflexion.
Ce livre est un témoignage et fait aussi partie de mes lectures imposées au même titre que Le Pigeon. Jean-Louis Etienne nous fait le récit de la situation extrème qu'il a vécu lorsqu'il s'est confronté au Pôle Nord. Jour après jour, il écrit dans son journal les moments de doute, l'immobilité forcée et la dangerosité de cette neige si blanche. Son expédition débute après deux ans d'entraînement intensif, des exercices de désensibilisation au froid et une expédition avortée dont il tire une certitude, il doit voyager le plus légerement possible.
C'est un récit très fort, j'ai lu ce livre en un peu moins de deux jours car je me suis totalement laissée embarquer par procuration dans cette aventure. On n'imagine pas comment cette partie du monde peut-être monstrueuse de grandeur, un seul faux pas et elle vous avale tout cru.
L'auteur a du se battre contre les pièges de la banquise mais aussi la solitude et l'état de stress et de vigilance permanents. Le 19 Avril, la mort le frole, la glace se rompt et d'extrème justesse il arrive à ne pas tomber dans l'eau. Et après cela, il faut tout de même qu'il arrive à rester concentrer pour monter sa tente et enfin se sécher. « Mon état d’excitation est extrême, et dans ma tête j’ai comme des mouches noires qui bourdonnent. Du calme, tu es sorti de l’eau maintenant. C’est fini. Soit efficace sinon tu vas geler sur place en commençant par les pieds, prisonnier des chaussures déjà gorgées d’eau, pleine de charmants petits glaçons ».
Cette expédition lui demande une solidité mentale permanente, il lui arrive pourtant de craquer, de pleurer et dans les moments les plus dures de se demander si il ne devient pas fou, son journal de bord lui est alors d'une grande aide « l’ordonnateur de mes pensées, le réceptacle de mes émotions, mon garde fou. Sans cet exorcisme, j’aurais sans doute pu être de la tête, devenir gâteux, prisonnier du cercle vicieux de mes hantises ».
J'ai vraiment aimé ma lecture, j'ai voyagé à moindre frais et dans la quête de ces grands aventuriers il y a quelque chose qui me touche, moi qui ne le suis pas pour un sou. En plus ce récit est très bien écrit, le Dr Etienne a un vocabulaire riche sans être élitiste et il sait mettre des mots sur des ressentis très subjectifs, ce qui est assez difficile, quand je vois la difficulté que j'ai à expliquer pourquoi j'ai aimé tel livre!
Si vous avez lu ce roman et avez publié un article, faîtes le moi savoir.