Nord et Sud d'Elizabeth Gaskell
Fayard - 499 pages
Traduit par Françoise du Sorbier
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Margaret Hale quitte sa cousine et l’existence confortable qu’elle avait menée chez sa tante à Harley Street dans la capitale Anglaise pour rejoindre ses parents qui vivent dans le presbytère d’un charmant village d’Angleterre, malheureusement son père confrontait au doute face à sa foi décide d’être destitué de sa fonction de prêtre, il s’exile alors dans une ville ouvrière du Nord de l’Angleterre. Il y occupe les fonctions de professeur et il a notamment pour élève John Thornton, un riche industriel qui a construit son empire à la force du poignet. La confrontation entre Margaret et John, c’est la confrontation entre deux mondes, qui différent par leurs natures, leurs principes, leurs valeurs. Un Nord, riche, industrieux face à un Sud paisible et campagnard.
Margaret va devoir s’adapter à cette ville si rude et qui parait si violente, elle va à la rencontre des ouvriers, elle prend connaissance d’existences qui diffèrent de la sienne, si protégée. Protégée jusqu’à présent car les malheurs semblent s’acharner sur elle, sa mère malade et son père s’enfonce dans un profond marasme.
Le roman de Mme Gaskell est un gros pavé, je ne sais pas pourquoi mais jusqu’à présent je l’associais aux romans d’Elizabeth Goudge. Ecrits il me semble à la même période et pourtant ils différent complètement.
Le roman d’Elizabeth Gaskell sans être sombre m’a étonné par sa fidélité à rapporter les conditions de vie des Anglais de cette époque. Elle ne s’est pas contentée de raconter ce qui se passait dans les salons à la mode entre des belles dames et des monsieur un brin pompeux, elle semble même au contraire ne pas trop les apprécier. Par l’intermédiaire de son héroïne, Margaret, personnage relativement favorisé, elle nous fait découvrir une époque en pleine révolution, révolution qui arrive par le Nord, l’opposition est récurrente entre le Nord et le Sud tout au long du roman, un Sud rural, statique face à un Nord en constante évolution. Le Nord et le Sud ont chacun leur lot de misères et d’injustice sociale. Margaret se place en tant qu’observatrice et médiatrice face aux patrons représentés par John Thornton et aux ouvriers. Au fil du roman elle découvre les conditions de vie des ouvriers, conditions qui m’ont rappelé celles contées par Jack London
«Parfois les récoltes se font sous une pluie battante ou par un froid glacial. Les jeunes le supportent, mais les vieux attrapent des rhumatismes, ils sont perclus et courbés avant l’âge ; malgré tout, ils sont bien obligés de le faire s’ils ne veulent pas aller à l’hospice.»
Ce roman c’est aussi l’évolution d’une femme, son indépendance qu’elle construit au fur et à mesure du roman. Margaret n’était déjà pas une jeune femme comme les autres, elle se construit et s’adapte face à ce que la vie lui donne.
Ce roman n’est pas qu’un roman social, il comporte tout de même sa petite part d’amour, avec la très romantique histoire d’amour entre les deux personnages principaux.
Cette histoire allège le récit car Mme Gaskell n’est pas Zola, et ses descriptions des mouvements ouvriers m’ont paru un peu laborieuses à la longue.
C’est un bon roman, assez long à lire tout de même. Il y a en plus quelques coquilles
Lilly, Karine et beaucoup d'autres ont lu ce roman.